
Pouvez-vous nous rappeler les objectifs d’Allice ? Il s’agit pour nous de fédérer et dynamiser la filière de l’efficacité énergétique, pour contribuer à décarboner l’industrie française tout en améliorant sa compétitivité. Allice est une jeune structure créée en 2018. Basée à Villeurbanne, elle est portée par six membres actionnaires que sont le Cetiat1, le Cetim2, le CTCPA3, le CTMNC4, CTIF5 et Enea Consulting6. Elle bénéficie également du soutien de l’Ademe7 et de la DGE8. L’Atee9 compte parmi ses partenaires techniques et le CEA Liten10 parmi ses partenaires scientifiques.
Quel est votre cœur d’activité ?
Notre mission est de rassembler les industriels de différentes filières et de l’ensemble de la chaîne de valeur (offreurs de solutions, prescripteurs, exploitants industriels) autour d’une même structure pour favoriser l’émergence de nouvelles solutions, accompagner l’innovation et travailler collectivement à l’accélération de la mise en œuvre de l’efficacité énergétique et de la décarbonation de l’industrie. En rassemblant ces différents acteurs et en cassant les silos habituels, nous facilitons le transfert entre l’offre de solutions et la demande. De plus, notre rôle d’interface entre la recherche et les besoins industriels nous permet de dynamiser l’innovation. Ainsi, les études collectives (études technico-économiques, feuilles de route) que nous menons pour nos adhérents apportent une vraie expertise sur les innovations technologiques, tout en leur fournissant des éléments de décision concrets et directement applicables au sein de leur(s) propre(s) entreprise(s). Ces études forment également le terreau d’une pépinière d’idées de projets d’innovation. Notre rôle est de faire émerger et d’accompagner le montage de ces projets d’innovation collaboratifs.
Le froid a-t-il fait l’objet d’une étude ?
Parmi les 6 études réalisées en 2019, l’une d’entre elles a porté sur la production du froid dans l’industrie. Elle a été menée par le CES Mines Paris-Tech. Comme vous le savez, dans la très grande majorité des cas, le froid est produit par des compresseurs qui augmentent la quantité de chaleur fatale du site. Or des technologies alternatives existent : les pompes à chaleur à absorption (eau-ammoniac ou eau-bromure de lithium) sont commercialisées par un certain nombre d’acteurs et peuvent atteindre des puissances de plusieurs MW ; les pompes à chaleur à éjecteur offrent également des perspectives intéressantes. D’un point de vue performance, les deux filières technologiques sont extrêmement proches et atteignent des coefficients de performance compris entre 0,3 et 1 suivant les niveaux de température des sources. L’avantage principal de ces filières est de pouvoir produire du froid à partir de chaleur fatale, ce qui limite à la fois les rejets du procédé et ceux du groupe froid, et conduit à des coûts opératoires très faibles. Néanmoins, des contraintes de température peuvent en limiter l’application.
Sur cette base, quels sont les axes de travail ?
Cette étude identifie trois axes de travail. Tout d’abord, la réalisation d’études sectorielles pour mieux quantifier le marché en croisant les informations sur le niveau thermique de cette chaleur fatale, les niveaux de froid recherchés et, implicitement, celles sur les performances. Cette approche faciliterait la quantification du marché et ouvrirait des perspectives vis-à-vis des outils d’aide à la diffusion de ces technologies (étude de faisabilité, aide à l’investissement, etc.). Ensuite, un autre axe porterait sur des projets de développement destinés à optimiser la géométrie des éjecteurs et à les adapter précisément aux conditions de fonctionnement. Pour finir, un dernier axe serait lié à la recherche de nouveaux couples. En général, la chaleur fatale est disponible sous forme de chaleur sensible. La température de référence est donc la température en sortie de l’échangeur de récupération couplé à la machine, ce qui est nécessairement pénalisant. En recherchant des couples apportant un phénomène de glissement de température lors des changements de phase, il y aurait un gain quantitatif ouvrant de nouvelles perspectives.
De quelle manière Allice peut-elle concerner les frigoristes ?
En devenant adhérents, ils peuvent bénéficier de l’expertise et de la connaissance que nous apportons sur nos différentes thématiques, notamment au travers de nos études. Nous favorisons également la mise en relation par le biais de réunion d’adhérents permettant rencontres et partages d’expertise et de retours d’expérience. Nous travaillons aussi de façon très rapprochée avec le club CEE de l’Atee. Ceci afin d’être en mesure de créer de nouvelles fiches d’opérations standardisées dans l’industrie et donc de porter des projets de fiches suggérées par nos adhérents. À noter que l’entreprise ColdID vient tout juste de nous rejoindre. Les start-up sont vraiment au cœur de l’innovation sur les différents sujets que nous portons.
Quels sont les grands enjeux pour 2020 ?
Mon rôle en tant que directrice de la structure est, entre autres, de la développer à travers le recrutement de nouveaux adhérents - l’Alliance en compte 23 - et de nouer de nouveaux partenariats. Aujourd’hui nous sommes trois membres dans l’équipe, l’enjeu est donc d’optimiser au mieux nos ressources avec un programme très ambitieux sur les deux années à venir. Le deuxième semestre 2020 s’annonce riche en temps forts, avec notamment la restitution de quatre études qui ont trait au financement des projets d’efficacité énergétique, au potentiel d’électrification des procédés industriels, aux énergies radiantes ainsi qu’au potentiel de stockage thermique dans l’industrie. En complément sont organisées différentes manifestations techniques et scientifiques dont un atelier thématique sur le froid performant dans l’industrie (webinaire) et une journée ouverte aux adhérents et aux professionnels du secteur sur l’innovation et les CEE. Un colloque de grande envergure portant sur l’innovation au service de la décarbonation de l’industrie est également planifié pour mars 2021
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