À 23 ans, le Compagnon du Devoir Emile Muller en tant que spécialiste du froid devient chargé de la promotion, du recrutement et du placement en entreprise des apprentis frigoristes. Parmi le réseau de professionnel, le jeune frigoriste devra œuvrer pour la promotion et le renouveau d’une profession en mal de recutement.

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Dès la troisième j’ai fait la connaissance des Compagnons et j’ai tout de suite été intéressé par la possibilité de suivre un apprentissage plus poussé à leurs côtés. J’y suis rentré à l’âge de 14 ans séduit par les valeurs et le savoir-faire qui ont traversé les âges. J’étais alors en bac pro de technicien en installation des systèmes énergétiques et climatiques (TISEC). Après mon bac pro, j’ai suivi un Brevet Professionnel MIGCS (Monteur en Installations du Génie Climatique et Sanitaire) mais aussi une formation d’agent de maintenance chauffage, un BP IDFCA (installateur dépanneur en froid et conditionnement d’air) et un CQP (Certificat de qualification professionnelle) chef de chantier. S’en est suivi mon Tour de France en 2017, le tout en me permettant de développer mon envie de transmettre mon savoir vers les autres. Tout au long de mon apprentissage puis de mon Tour de France les compagnons m’ont transmis leurs valeurs, ainsi que la passion pour mon métier. Le voyage ainsi que la remise en question chaque année au changement de ville m’ont permis de comprendre que rien n’est acquis et qu’il faut progresser sans cesse. Par la suite, je suis devenu Compagnon pour continuer à transmettre mon savoir et mon expérience aux plus jeunes, pour les aider à s’épanouir dans et par leur métier et également leur faire découvrir le Tour de France pour qu’ils deviennent à leurs tours Compagnons du Devoir. Car le monde appartient à la jeunesse…

 

 

 

 

Question d’initiation

Pour devenir Compagnon du Devoir, il faut préalablement devenir « aspirant », en réalisant un travail d’adoption, qui est ensuite examiné par la corporation du métier et la communauté (aspirants et compagnons). Cette première pièce permet, si elle convient et que la communauté est d’avis favorable, d’accéder à l’affiliation ou l’adoption. Un affilié ou un aspirant peut se lancer sur le Tour de France (qui peut durer plusieurs années) pour acquérir de la technique et du savoir, qui sont indispensables pour réaliser une pièce de réception, le chef-d’œuvre requis pour devenir Compagnon. L’éthique compagnonnique repose sur la maxime suivante : « Ni se servir ni s’asservir, mais servir ».

Qu’est-ce qui vous attire dans les métiers du froid ?

Je suis issu du monde du génie climatique et le froid m’était alors totalement inconnu. Je l’ai découvert sur mon Tour de France, notamment avec Florent Micheland, que je remplace au poste de développeur des métiers du froid. La proximité de ses deux spécialités, notamment pour la récupération de chaleur et le confort d’été n’est plus à démontrer. C’est donc naturellement que j’ai choisi cette voie. Enfin, j’ai la conviction que les Compagnons du Devoir seront force de proposition dans les années à venir, y compris dans l’attractivité et la promotion du métier. C’est une profession qui n’est pas forcément connue et qui tend à l’être pour son importance dans nos quotidiens. La pratique et théorie s’allient de manière très intéressante. J’ai toujours trouvé le fonctionnement d’une installation froid très captivant !

Vous êtes donc développeur des métiers du froid, en quoi cela consiste ?

Mon métier consiste à faire la promotion des métiers du froid mais aussi à pérenniser nos entreprises en plaçant nos jeunes en formation et en créant du lien entre tous ces acteurs. Du point de vue ou sur le plan logistique, nous accompagnons les jeunes vers la validation des acquis scolaires. Plus largement nous œuvrons aussi à la communication sur les métiers du froid vers d’autres jeunes. La communication sera ainsi renforcée dans les années à venir devant les défis auxquels les frigoristes devront bientôt faire face comme la hausse des températures. Face au défi que représente la fermeture de formations faute de candidats, notre politique pour motiver les jeunes commence par la communication. Nous, Compagnons, pouvons apporter une valeur ajoutée avec le Tour de France et nos formations destinées à ces jeunes. C’est le message que nous portons.

Ouverture et partage

L’Association ouvrière des Compagnons du Devoir et du Tour du France (AOCDTF) est une association de loi 1901 reconnue d’utilité publique. Elle assure à des jeunes à partir de l’âge de 15 ans, une formation à des métiers traditionnels. Elle est fondée sur l’apprentissage, la vie en communauté et le voyage du Tour de France du compagnonnage. Elle unit des femmes et des hommes autour d’un même paradigme : permettre à chacun de s’épanouir dans et par son métier, le tout dans un esprit d’ouverture et de partage. Les compagnons du Devoir dispensent des formations pour 31 métiers dans 6 secteurs différents : aménagement et finition, bâtiment, matériaux souples, métallurgie et industrie, métiers du vivant et métiers du goût.

 

Les Compagnons ouvrent la formation

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Pour les Compagnons, le partenariat avec des établissements déjà existants permet de bénéficier du savoir, des locaux et des hommes pour les aider à la formation. Néanmoins, des formations spécifiques sont ouvertes par l’association ouvrière. À Strasbourg, une formation a été ouverte dans leurs locaux et 19 élèves sont attendus à la rentrée 2022. Depuis quelques années un partenariat avec le lycée Beau Frêne à Pau, centre référent du Sud-Ouest dans les métiers du froid pour les CAP Ifca (Installateur en froid et conditionnement de l’air), est mis en place. « Notre défi reste d’ouvrir des formations avant le BAC car nous manquons de jeunes intéressés. À Bordeaux, nous comptons ouvrir une section de formation pour la rentrée 2024 à un niveau 5 (équivalent BTS) », détaille Sébastien Baillot.

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