Alors que la formation s'avère essentielle pour que la profession demeure pérenne, différentes entreprises agissent à leur échelle pour développer leur centre. Entretien avec Nicolas-Pondicq Cassou, directeur général.

 Quelles formations proposez-vous au sein du Syclef :

Pour parler de nos formations il y a deux sujets à identifier. D’abord notre académie de formation (la Syclef Academy) et de manière plus classique la formation continue en entreprise des salariés des différentes sociétés qui constituent Syclef. La Syclef Academy répond au besoin de dynamiser notre démarche de recrutement. Nous étions en recherche de nouveaux talents frigoristes et nous nous sommes rendu compte qu’un des leviers pour cela était de créer notre académie de formation. La profession du froid est en manque de main d’œuvre qualifiée alors que nous avons de belles perspectives : le secteur est porteur dans la distribution, l’agroalimentaire…. Le postulat de base était le suivant : il existe des changements importants dans la profession sur le plan technologique (avec de nouveaux réfrigérants) et réglementaires, avec une exigence de performance énergétique de plus en plus présente. Tout cela demandait un renfort de la formation portée par les entreprises. Ce sont des défis à relever avec nos équipes actuelles.

Et dans le détail ?

La formation Syclef Académy est diplômante, reconnue par l’État, dure dix-huit mois et se fait en alternance, avec cette idée d’intégrer nos alternants aux contraintes opérationnelles de nos sociétés. Aujourd’hui nous travaillons avec deux partenaires qui nous permettent d’avoir une formation reconnue : deux CFA (Aix-en-Provence et Saint-Brévin). Au bout de dix-huit mois, les alternants passent le diplôme de TIFCC (Technicien d’Intervention en Froid Commercial et Climatisation) et peuvent intégrer nos entreprises à temps plein. Le taux de succès est de 70 %, ce qui signifie que le diplôme n’est pas donné.

Selon vous, quelle est la cause du manque de bras et de cerveaux dans la profession ?

Je suis dans la profession depuis 20 ans et, de mon point de vue, je trouve que le secteur manque d’attractivité. La profession peut être très séduisante et je pense que le métier de Technicien-Frigoriste peut attirer des gens qui ont un certain attrait pour la technique : diagnostiquer, chercher des pannes, les résoudre. Elle est, en outre, bien rémunératrice. Mais ce métier est exigeant avec de nombreux changements, il faut notamment savoir évoluer au fil de sa carrière. Comme évoqué cela peut concerner les fluides, les méthodes de régulation des systèmes…

Ce manque peut-il être généré à l’origine par la formation initiale ?

Je ne pense pas forcément. Aujourd’hui le nombre de personnes qui sortent de formation technique et arrivent sur le marché du travail est déjà faible. Alors vers quoi se réorientent les jeunes de BAC Pro et BTS ? Pas forcément vers les filières frigoristes où les changements techniques impliquent un investissement personnel fort, en adéquation avec la réalité du terrain. Aujourd’hui pour soutenir notre démarche de formation et accompagner les jeunes diplômés lors de leur entrée dans le monde du travail, Syclef a investi dans un banc pédagogique qui fonctionne au CO2 . C’est un banc unique dans la profession, qui intègre l’ensemble des technologies liées au CO2 (compression parallèle, mode éjecteur, double régulation), et qui est mobile pour être déplacé dans les sociétés pour les besoins de celles-ci. Avec ce banc, nous déployons la démarche de formation au plus près des sociétés et de leurs techniciens. Si en comparaison vous faites un état des équipements pédagogiques de froid disponibles dans les établissements scolaires, je pense qu’il y a un véritable besoin de les renforcer dans ce sens-là. ? 

Une première promo Syclef Academy

La première session diplômante s’est terminée en mars 2021. Actuellement trois sessions sont en cours (deux à Aix-en-Provence et une à Saint-Brévin). Concernant les retours de la première promotion diplômée, c’est une réussite certaine, souligne Nicolas Pondicq-Cassou. Et de signaler : « Néanmoins il s’agit de techniciens fraîchement diplômés qui intègrent un parcours de formation continue dans leur société pour continuer à se perfectionner ». Mais la promesse de la Syclef Academy est tenue : pouvoir nous aider dans le recrutement de nouveaux talents frigoristes et leur faire intégrer nos sociétés pour les aider dans leur développement. Enfin le directeur général précise que les profils reconversion professionnelle qui se tournent vers la Syclef Academy sont des militaires, des gens du bâtiment, mais aussi des profils d’étudiants.

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