
Quelle est la contribution du Snefcca dans la nouvelle Association Française de la ventilation ?
Le Snefcca est un membre actif, co-fondateur de cette association, dont la création était depuis longtemps dans « les cartons ». L’idée est de défendre les intérêts de notre profession tout en nous saisissant d’un sujet brûlant, la qualité de l’air intérieur, car il s’agit désormais d’un sujet de santé publique. La crise sanitaire a été un révélateur et a permis de prendre véritablement conscience de l’importance du fonctionnement des installations de traitement de l’air. La qualité de l’air que nous respirons dans nos lieux de travail et de vie quotidienne est fondamentale. Nous militons en faveur d’une ventilation avec de l’air neuf extérieur, le seul moyen pour renouveler l’air intérieur et diminuer les concentrations de polluants, COV (Composant Organique Volatil), CO2, bactéries, acariens, charges virales, moisissures etc. C’est essentiel pour obtenir un air plus sain et plus respirable.
Ne craignez-vous pas qu’une fois la crise passée, la QAI soit reléguée au second plan ?
Très sincèrement, je ne le pense pas. Au contraire ce sera un véritable enjeu dans le monde « d’après ». Cette crise va nous marquer à jamais car elle nous a fait découvrir non seulement que notre système économique et fonctionnel est fragile, mais qu’il en est de même pour notre vie et celle de nos proches. Nous avons tous en tête que ce virus ne va probablement pas être le seul dans les années à venir et qu’il faut se préparer à vivre avec des épisodes critiques tel que celui que nous traversons. Il va nous falloir affronter ces nouveaux dangers… Notamment en créant des endroits qui nous permettront de vivre en sécurité, avec une atmosphère mieux contrôlée en termes de qualité d’air, avec une filtration plus efficace et des systèmes de désinfection mais aussi avec un taux de renouvellement de l’air nettement plus important que celui avec lequel nous avons vécu jusqu’à présent.
Comment faire ?
C’est justement l’une des missions de notre syndicat dans l’Association Française de la Ventilation. Notre objectif est de faire évoluer la réglementation qui date et n’est plus adaptée à la situation actuelle. En particulier au niveau des quantités d’air extérieur à introduire dans les locaux de travail ou d’habitation. Pour un local résidentiel ou tertiaire, ces quantités sont spécifiées par le code du travail et le code de l’habitat (N.D.L.R : 25 m3/h/Occupant et 30 m3/h/Occupant en réunion). La situation actuelle montre que c’est insuffisant. Mais, l’air neuf coûte cher et nécessite d’être couplé avec des VMC double flux pour permettre de récupérer de l’énergie. C’est donc un surcoût à la base qui s’amortit rapidement et qui permet de garantir un air sain aux populations.
Par ailleurs, au sein de l’AF Ventilation nous avons entamé des discussions pour savoir comment instrumenter cette tendance, peut-être en installant des détecteurs de polluants comme on installe aujourd’hui des détecteurs d’incendie… Les capteurs présents sur le marché aujourd’hui sont fiables et faciles à installer.
Qu’attendez-vous des pouvoirs publics en matière de QAI ?
Nous souhaitons qu’ils prennent en compte ce problème de santé publique. Cela passera obligatoirement par la modification des systèmes de ventilation et leur maintenance par des professionnels avérés. La QAI doit être traitée au même niveau que les économies d’énergie, d’autant que ces évolutions sont aussi en leur faveur.
Climatisation, conditionnement de l’air et QAI ont souvent été perçues comme antinomiques lors de cette crise sanitaire. Pensez-vous que cette idée perdure ?
Non même si l’opinion publique est souvent difficile à faire changer. Pourtant, toutes les études les plus sérieuses et le discours des institutions les plus respectées – OMS, HCSP – indiquent qu’une bonne aération est absolument indispensable pour obtenir une bonne qualité d’air intérieur. Un conditionnement de l’air de bonne qualité, entretenu avec sérieux et professionnalisme, ne remet pas en cause ce principe puisque son système est pourvu de filtres. Il est assez simple de comprendre que la filtration permet de retenir une partie de la charge virale en suspension dans l’air. En revanche, il est certain qu’il faut avoir recours à des filtres de bonne qualité, associés à un système de désinfection (N.D.L.R : généralement des lampes UV-C). De cette façon, le conditionnement de l’air et la climatisation ne remettent pas en cause la qualité de l’air.
Alors comment faire pour améliorer encore l’image du conditionnement de l’air en matière de QAI ?
Il va être essentiel de bien communiquer sur ce point afin d’ôter les réserves que certains pourraient avoir à l’encontre du conditionnement de l’air et la climatisation.
Cette communication va être un passage obligé. On peut citer en exemple les blocs opératoires ou les salles blanches qui ont gardé leurs systèmes de conditionnement de l’air en fonctionnement pendant la crise. Elles ont permis de diminuer très fortement les risques de contamination grâce à des taux de brassage énormes.
Pour comprendre, il faut savoir que plus le taux de brassage est élevé, plus la QAI est bonne. Le conditionnement de l’air et la climatisation ne doivent pas être vus comme un ennemi en période de pandémie.
Lors du lancement de l’AF Ventilation, les fabricants et les distributeurs ont annoncé s’attendre à une croissance du marché de l’ordre de 10 % en habitat collectif et tertiaire et 20 % en résidentiel. Partagez-vous cet enthousiasme ?
À la suite de plusieurs échanges au sein de nos instances, nous pensons qu’après la sortie de cette situation sanitaire difficile, les mois à venir devraient être en forte croissance. Pour toutes les raisons que nous venons d’évoquer mais aussi parce que nous savons pertinemment que l’amélioration de la qualité de l’air dans les lieux recevant du public, les écoles en particulier et tous les lieux de vie qui sont aujourd’hui fermés administrativement, sera un sujet à l’ordre du jour. De ce fait, notre profession risque effectivement d’enregistrer une forte progression.
Et si le législateur, au travers des sollicitations argumentées faites par l’AF Ventilation, décide de mettre en œuvre une politique d’assainissement des bâtiments publics, pour les écoles par exemple qui sont aujourd’hui le parent pauvre en termes de ventilation, alors le marché risque de s’emballer. Mais il faudra alors aussi légiférer sur l’obligation du suivi de la maintenance de ces nouveaux matériels car l’un ne peut aller s’en l’autre.
Quelle est la place de l’installateur pour parvenir à une saine QAI ?
Il a un rôle fondamental. C’est lui qui saura proposer des solutions intelligentes à ses clients avec de la récupération et du transfert d’énergie dans les installations qui pourront gérer une quantité d’air extérieur plus importante. Ce sont aussi les installateurs qui expliqueront quels sont les enjeux de la QAI et ses impacts sur la qualité de vie bien meilleure dans des locaux bien ventilés.
Avant la crise de la Covid-19, quelle était la place de la QAI dans les sujets traités au sein du Snefcca ?
Le Snefcca, au travers de ses différentes commissions, en particulier celle que je préside (N.D.L.R : Conditionnement de l’air et ENR) réfléchi depuis longtemps sur la thématique de la QAI. Nous avons toujours été convaincus de son importance, bien avant qu’on découvre quel pouvait être son impact sur la qualité de l’air que nous respirons dans nos lieux de vie. Bien entendu, nous travaillons aussi sur d’autres sujets, comme par exemple, le suivi de la réduction des fluides HFC. Nous avons d’ailleurs récemment annoncé des résultats encourageants vis-à-vis des préconisations de la communauté européenne et nous en sommes très fiers. Sur la période 2018-2020, alors que la réglementation F-Gas imposait une consommation maximum de 63 % de fluides frigorigènes (en tonne équivalent CO2) par rapport à la période de référence (2009-2012), la mobilisation et les efforts déployés par l’ensemble de la filière ont permis une consommation moyenne de 43 %, soit 20 % de moins que ce qu’exigeait la F-Gas. Ce qui signifie qu’en 2020, une fois encore, la consommation des HFC en France est inférieure à celle imposée par la réglementation. Cette donnée, favorable pour la profession, reflète bien l’engagement de tous les acteurs de la filière du froid et du conditionnement de l’air. Je suis certain que pour la QAI, toute la profession s’engagera de la même manière pour traiter cet aspect essentiel à la santé de tous.
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