
Certains trouveront incongru de vouloir « opposer » CO2 et HFO, d’autant que sur certaines installations en cascade, ils peuvent se côtoyer… Pour autant, ils leur arrivent de plus en plus souvent de se retrouver en compétition à l’heure des choix d’investissement.
Comme le rappellent les spécialistes, la caractéristique principale du R 744 est sa faible température critique, d’où le recours de plus en plus fréquent aux cycles transcritiques avec les pressions très élevées qui leur sont liées. La performance de ses installations lors des périodes de fortes chaleurs nécessite d’être prise en compte même si aujourd’hui les industriels multiplient les innovations pour rendre optimales les systèmes sous des latitudes jusqu’ici peu envisageables.
De leurs côtés, les HFO possèdent des caractéristiques de performance et de sécurité similaires aux HFC saturés, mais contrairement à ces derniers, affichent de bonnes propriétés environnementales caractérisées par un faible, voire très bas GWP. Leurs détracteurs leur reprochent cependant de
former notamment de l'acide trifluoroacétique (TFA) lors de leur décomposition dans la nature à laquelle ils nuisent ainsi fortement. Ce à quoi d’autres spécialistes rétorquent que cette nocivité reste à prouver au travers d’études suffisamment documentées…
Dans tous les cas une exigence de formation
Le CO2 et les fluides A2L ne s’abordent pas sur le terrain à la légère. Un minimum de connaissance est requis. Une récente étude de l’Area, le syndicat européen des installateurs frigoristes, moins de 7 % du personnel certifié F-Gas est formé aux fluides alternatifs. Si ce pourcentage s’applique bien au CO2, il tombe en revanche à 3,5 % pour les HFO. Or, ces fluides ont des caractéristiques spécifiques qui impliquent des connaissances précises. Pour être sûr que les opérateurs abordent efficacement et en toute sécurité les installations chargées de ces fluides, l’association européenne demande l’extension du système de certification obligatoire des gaz fluorés aux réfrigérants alternatifs à faible PRP.
Repères
HFO purs et mélanges…
Attention tout « nouveau » fluide frigorigène synthétique à bas GWP n’est pas un HFO à proprement parler ! Les HFO (Hydrofluorooléfines) sont des HFC insaturés contenant au moins une liaison double. À côté des HFO purs (R 1234 yf, R 1234ze, R 1233 zd), sont commercialisés désormais des mélanges (blend) incorporant ces HFO purs affichant ainsi des GWP plus bas que les HFC de la précédente génération. Cette distinction est très importante, car selon qu’il s’agisse d’un HFO au sens strict ou d’un mélange, le fluide ne relèvera pas des mêmes obligations réglementaires, notamment vis-à-vis de la F-GAS. Et c’est notamment le cas en matière de contrôle d’étanchéité. De même des installations mettant en œuvre des mélanges, même avec des GWP inférieurs aux exigences de la F-Gas selon les applications, seront écartées de certaines aides financières, à l’exemple du dispositif de suramortissement. Les HFO purs, à l’exception du R 1233zd, et les mélanges qui en sont issus présentent la caractéristique d’être légèrement inflammable et c’est à ce titre que l’Ashrae a créé la classe A2L. Les fluides frigorigènes A2L sont classés selon la DESP : Groupe 1, sauf le R 1234ze qui est classé groupe 2 (comme les fluides A1).
F-gas ou pas ?
HFO (non soumis à F-Gas sauf à déclaration)
R-1234yf (GWP * : 4/ supérieur 1)
R-1234ze(E) (GWP : 7/ supérieur 1)
Mélanges HFC-HFO (soumis à F-Gas)
R-452B (GWP : 698/676)
R-454A (GWP : 239/238)
R-454B (GWP : 468/466)
R-454C (GWP : 148/146)
R-455A (GWP : 148/146)
R-457A (GWP : 137/139)
R-516A (GWP : 139/131)
Les installations contenant ces fluides sont donc soumises aux contrôles périodiques d’étanchéité selon les règles édictées par la F-Gas.
* : la première valeur du GWP correspond à celle du rapport d’évaluation N°4 du GIEC (AR4) qui est la valeur prise en compte dans le Règlement F-GAS N°517/2014 du 16 avril 2014 ; la seconde valeur correspond à celle du rapport d’évaluation N°5 du GIEC (AR5)
* GWP : Global Warming Potential. Cette notion donnée dans la NF EN 378 est « équivalente » au « PRP » (Potentiel de Réchauffement Planétaire). Ces « indicateurs » mesurent l’impact d’un fluide sur le réchauffement climatique.
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