Une nouvelle étude révèle que le commerce illégal de produits réfrigérants pourrait représenter jusqu’à 1/3 des volumes importés en Europe.
Analysées par le Comité technique européen sur le fluorocarbone (EFCTC), les données du commerce des HFC collectées et traitées par Oxera révèlent que le trafic illégal pourrait représenter jusqu’à 34 millions de tonnes équivalent CO2 (t. éq. CO2), soit 33 % du quota légal autorisé en 2018 par la F-Gas. Soit le double des estimations présentées Dans un précédent rapport de l’Environmental Investigations Agency (EIA). Ce volume serait comparable aux émissions carbone annuelles d’un pays développé. Ce pays se classerait en vingtième position au classement du PRG des 27 pays de l’UE, avec une empreinte carbone annuelle supérieure à celle de la Croatie, de l’Estonie ou de Chypre.
Ces HFC pénètrent le marché européen de manière illégale via des canaux d’approvisionnement clandestins qui contournent le Règlement F-Gaz de l’UE. En plus de financer le crime organisé, cette activité illicite impacte négativement les entreprises européennes sur toute la chaîne logistique. Ces dernières, principalement des PME, se retrouvent à distribuer et utiliser sans le savoir des produits importés illégalement ou souffrent de pertes importantes dues au manque à gagner.
« Nous n’avons aucun moyen de connaître la taille exacte du marché noir des HFC car aucune donnée officielle du commerce illégal n’est publiée. Toutefois, cette nouvelle analyse constitue une base solide pour prendre la mesure du problème. Le trafic de HFC pourrait être encore plus massif que les plus pessimistes des précédentes estimations ne le laissaient supposer », explique Mélanie Jourdain, membre de l’EFCTC. « À l’approche d'une nouvelle réduction du quota prévue en janvier 2021, nous appelons à une application plus rigoureuse du Règlement F-Gaz, afin d’aider à endiguer les importations illégales en Europe. »
Face à un problème d’une telle envergure, l’EFCTC estime que la solution réside dans la mise en place de mesures coordonnées : application plus stricte au niveau des États membres, durcissement des contrôles à la frontière, coopération et instauration d’une infrastructure commune afin de mieux suivre et tracer les importations de HFC et sensibilisation accrue au problème sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement.