
Comment percevez-vous la profession que vous représentez dorénavant ?
J’ai pris mes fonctions le 8 avril dernier et je dois dire que c’était loin d’être évident puisque mes premiers contacts ont eu lieu derrière un ordinateur en visio-conférence ! Fort heureusement Philippe Roy, maintenant Délégué général du Snefcca, et Jean-Luc Carré, Président national, ont été disponibles pour m’accompagner dans cette prise de fonction. Ma formation de juriste et mes différentes expériences passées me sont utiles aujourd’hui pour mieux comprendre les enjeux qui se jouent actuellement pour les métiers du froid, de la cuisine professionnelle et du conditionnement de l’air.
Dans mes précédentes fonctions, j’ai déjà eu l’occasion de travailler avec des syndicats de plus grande taille, notamment dans l’aérospatial, et je dois dire que j’ai été agréablement surpris par le professionnalisme du Snefcca et par les outils très opérationnels qui étaient mis à la disposition des adhérents. Quant à ma perception de cet univers, elle est positive, j’observe notamment que nos entreprises sont dynamiques et innovantes pour répondre à une demande qui ne cesse de croître, portée par un contexte réglementaire favorable. Elles participent à leur niveau, par le renouvellement du parc d’installation avec des fluides frigorigènes alternatifs ou à bas PRP, à la lutte contre les gaz à effet de serre et à la transition écologique. J’ai découvert par ailleurs une profession unie, soucieuse de partager les expériences et les solutions pour en faire profiter le plus grand nombre, avec des élus à l’écoute mais aussi très investis bénévolement au sein des différentes instances du Snefcca. 7 mois après mon arrivée, je suis convaincu que la famille du Froid sera aux côtés des permanents du Snefcca pour relever les défis de la profession.
Connaissiez-vous ce secteur au préalable ? Quelle image en aviez-vous ?
J’avais une connaissance sommaire de ce domaine d’activité qui se résumait à ce que tout un chacun peut observer dans son environnement mais je n’en mesurais pas toute la portée et la nécessité pour notre quotidien. Le froid est partout et est indispensable pour la continuité de fonctionnement de nombreuses autres activités et pourtant elle n’est pas identifiée à sa juste valeur par le grand public malgré les efforts du Snefcca depuis de nombreuses années.
Quelles plus-values apportent vos expériences passées à votre nouvelle fonction ?
Ma formation initiale en droit et mon passage à la CCI de Paris au service des entreprises m’ont permis de bien comprendre le fonctionnement et les préoccupations des entreprises de toutes tailles. Mon expérience au ministère de la Défense, une administration centrale où j’ai découvert tous les rouages d’un organisme public me permettra de trouver des solutions efficaces pour que notre profession soit entendue et écoutée par les bons interlocuteurs. Enfin, une mission de contrôle des exportations au sein d’un centre de recherche pour l’aérospatial, où j’ai travaillé avec des syndicats de l’aéronautique et du secteur aérospatial, a complété mon expertise. Bien connaître le droit est un prérequis mais avoir bénéficié de différentes expériences très complémentaires pour avoir une vision à 360° est à mon sens un plus ! Je suis ravi de pouvoir mettre cette expertise au service du Snefcca et de ses adhérents.
Dans le contexte actuel, quels sont les dossiers prioritaires du Snefcca ?
Ils sont nombreux mais disons que notre priorité immédiate est de répondre le plus concrètement possible aux interrogations des professionnels compte tenu de la situation actuelle. Nous sommes présents quotidiennement et répondons aux appels et aux emails afin d’accompagner une fois encore nos adhérents. Ces derniers ont par exemple des questions en termes de droit social avec l’instauration du chômage partiel et du télétravail. Notons cependant qu’il y a actuellement moins de questions sur ce thème que lors du 1er confinement, ce qui montre que les entreprises du secteur ont compris le besoin actuel de maintenir leur activité. Par solidarité envers l’ensemble de la profession durement impactée, nous avons de nouveau ouvert notre espace covid-19 sur le site snefcca.com à tous les professionnels, qu’ils soient adhérents ou non.
Ensuite, nous poursuivons nos discussions avec les pouvoirs publics au sujet de la reconnaissance des entreprises d’installation et de maintenance des cuisines professionnelles. En effet le fonds de solidarité, aujourd’hui ouvert pour cette activité, favorise finalement les entreprises qui sont restées fermées alors que celles qui ont fait l’effort de rester ouvertes se retrouvent défavorisées n’atteignant pas les -80 % de chiffre d’affaires cités dans le décret sur les mesures d’aide de l’État. Dans ce dossier nous avons travaillé de concert avec la CPME et nous avons aussi interpellé le cabinet de Bruno Lemaire sur la situation de ces entreprises qui ont pu jusque-là encaisser le choc du premier confinement mais qui vivent le 2e avec beaucoup moins de sérénité. Leurs clients, notamment la restauration, sont à l’arrêt. Ils subissent de plein fouet les effets collatéraux du confinement. Sur ces dossiers, nous travaillons également avec UnaCpro et le Syneg. Nous avons tous un seul objectif : limiter les conséquences graves et irrémédiables pour notre profession.
En parallèle, vous n’abandonnez pas vos autres dossiers ?
Bien sûr que non ! Nous poursuivons nos actions, entre autres, pour que le volet formation du plan de relance prenne en compte notre profession. Notre rôle est de promouvoir l’attractivité de nos métiers et de favoriser la formation initiale et continue car, comme vous le savez, nous manquons cruellement de mains-d’œuvre qualifiées. Nous travaillons à rendre nos métiers plus visibles, à travers la communication auprès des jeunes, de leurs parents, des organismes de formation, etc. Notre leitmotiv : installateurs, fournisseurs, établissements de formation… nous sommes TOUS ambassadeurs de la filière et vecteur de communication !
Nous sommes également impliqués dans la révision de la F-Gas. La consultation est actuellement en ligne et nous mettons tout en œuvre pour que la vision française soit prise en compte, à savoir un maintien du calendrier. En effet, en raison du manque de mains- d’œuvre, il nous faut du temps pour atteindre les objectifs déjà ambitieux du règlement en vigueur. Le remplacement des nombreux équipements qui fonctionnent encore en partie avec des fluides obsolètes (R404) ne pourra se faire avec un calendrier accéléré. Dans ce dossier, notre vision est assez proche de celle de l’Allemagne et de l’Autriche qui ont des parcs d’équipements similaires. La promotion de la Pompe à chaleur inscrite dans le plan de relance va également augmenter les chiffres de consommation des fluides frigorigènes ce qui va rendre les objectifs de la F-Gas encore plus difficile à tenir.
Nous démarrons également un travail sur la qualité de l’air intérieur avec tous les acteurs de la filière afin de sensibiliser les autorités sur ce sujet qui sera bientôt incontournable.
Enfin, nous avons attiré l’attention du MTES sur le nouveau décret « Entretien et inspection des systèmes thermodynamiques » qui a été émis par la DGEC (Direction générale de l’Énergie et du Climat) et qui présente selon nous des incohérences par rapport aux recommandations et règlementations édictées par la DGPR (Direction générale de la Prévention des risques). Des actions seront menées prochainement pour rendre la législation claire et intelligible pour les installateurs.
Le Snefcca représente majoritairement des TPE mais vous comptez également quelques grands groupes.
Pensez-vous qu’il y ait une difficulté particulière à mélanger des structures qui n’ont pas toujours les mêmes attentes ?
Sincèrement non. Le Snefcca se doit de représenter toutes les entreprises du froid, sans distinction de tailles. Je trouve au contraire que cette coexistence est bénéfique à notre profession car nous sommes en terrain neutre où le partage d’informations prédomine, et où la mise à disposition des compétences de tous est la règle. Il y a même une vive solidarité au sein de la profession, en particulier dans le contexte de crise actuelle. Certes, le marché a assisté à un mouvement de concentration important mais celles-ci n’ont pas altéré les échanges. Ce qui prime aujourd’hui, ce sont les objectifs dont je vous ai parlé plus haut.
Intervenez-vous au sein de l’AREA (Air Conditioning and Refrigeration European Association) ?
J’ai pris naturellement la suite des fonctions occupées jusque-là par Philippe Roy mais je ne vous cache pas que dans le contexte actuel nous n’avons eu pour le moment que des contacts ou échanges par visio-conférences. Nous souhaitons que l’AREA participe pleinement à l’élaboration de la F-Gas et défende les intérêts des installateurs européens.
">Continuez votre lecture en créant votre compte et profitez de 5 articles gratuits
Pour lire tous les articles en illimité, abonnez-vous