
De g. à d. : Olivier David (DGEC), David Marchal (Ademe), Arnaud Kautzmann (Afpac)
La filière PAC muscle son jeu pour le collectif
Si la place de la pompe à chaleur est déjà bien établie en maison individuelle, tout, ou presque, reste encore à écrire en logement collectif. Même si depuis plusieurs années, on voit s'installer dans les locaux techniques des PAC collectives couplées à des chaudières, dans l'existant, le chauffage au gaz est encore légion à chaque étage. Il n'est pas rare non plus de croiser, pour des raisons économico-pratiques, des radiateurs électriques installés dans les appartements. Pourtant, le découpage du gâteau est améné à évoluer, notamment en vue de l'application des nouveaux seuils de la RE2020 régissant les constructions neuves. Pour rappel, en 2025, les indicateurs Ic énergie et Ic construction obligeront à des conceptions moins fossiliées pour les systèmes de chauffage. Forcément, la filière PAC y voit une aubaine pour s'installer dans les appartements à venir. Mais encore faudrait-il que les innovations techniques permettent à la thermodynamique de rentrer dans les copros.
Des industriels en manque d'innovation ?
« La PAC aura un rôle très important dans le bâtiment collectif, assure Olivier David, chef de service climat et efficacité énergétique à la DGEC. Il est important de réussir le palier 2025 pour permettre notamment de tester toute une gamme de solutions dans le neuf pour qu'ensuite ces systèmes innovants puissent irriguer le marché de la rénovation ». Des innovations qui, justement, peinent à se dévoiler selon David Marchal, directeur éxecutif adjoint en expertise programme au sein de l'Ademe. « Nous avions lancé un appel à projets sur le sujet et seulement une réponse concernant l'installation de PAC en logement collectif. » Pourtant, à en croire le document récemment publié par l'Afpac, il existe pléthore de solutions thermodynamiques pour chauffer et produire de l'ECS en appartement.
Monosplit sur le balcon, humidité dans la ventilation
Dans son guide " des solutions disponibles en habitat collectif " co-rédigé par David Lebannier, associé au sein du bureau d'études Pouget Consultants, l'association de la pompe à chaleur fait notamment mention des systèmes air / eau collectifs déjà matures, hybridés ou non avec une chaudière gaz, mais également des PAC sur capteurs solaires atmosphériques, des PAC eau / eau ou encore en solution individuelle des PAC et CET sur air extrait et des PAC air / air en mono ou multisplit. « Cette dernière solution semble être encore débattue pour passer les seuils de la RE2020, confie David Lebannier. Son utilisation devrait être cantonnée au chauffage, et non au rafraîchissement, au risque de perturber le taux d'humidité dans l'air et donc l'utilisation de la ventilation. »
Ont aussi été évoquées les évolutions technologiques des appareils. Si la question des fluides, et surtout la révision de la réglementation F-Gas à venir qui pourrait tout bousculer, a été éludée par les intervenants, la performance des PAC a été soulignée. « En dix ans, le COP a augmenté de 30 % », constate Christel Mollé, vice-président d'Afpac. Autre avancée, la généralisation de la technologie Inverter, pour la variation de vitesse des compresseurs. « C'est un gain de 20 % par rapport à la technologie Tout ou Rien, mais c'est également un confort acoustique apporté par cette variation de charge, la puissance acoustique ayant baissé de 10 dB(A) en dix ans. » De quoi rassurer les copropriétés, bailleurs et autres voisins à l'approche d'une floraison de groupes extérieurs en façade et sur les toits.
Rénover, c'est hybrider ?
Si dans le neuf, le choix des solutions commence à s'étendre, qu'en est-il dans l'existant où le gaz règne en maître et où son remplacement n'est pas si limpide ? « Même si la chaudière THPE est une bonne première étape pour économiser des consommations d'énergie, la meilleure façon d'utiliser le gaz reste la PAC hybride, lâche le représentant de la DGEC, Olivier David, avant d'être complété par David Marchal de l'Ademe. On peut faire les choses intelligemment et dimensionner la PAC après des travaux de rénovation, dans la mesure où le bâtiment permet d'accueillir une ou plusieurs pompes à chaleur. Les copropriétés qui viennent, par exemple, d'investir dans la rénovation de leur chaufferie pourront passer par la case hybridation. »
Dans tous les cas, le mot d'ordre est donné : à la PAC de faire ses preuves dans le neuf, avec les nouvelles échéances réglementaires qui arrivent, avant d'attaquer le marché de la rénovation énergétique. « Se placer sur des segments de marché moins concurrentiels comme le neuf et la rénovation globale permettra d'acquérir les compétences nécessaires pour s'attaquer au vaste marché de la rénovation. On sait que les contre-références peuvent faire très mal à une filière », a déclaré David Marchal. Une filière qui, justement, manque toujours de bras pour répondre à la demande grandissante. « Nous travaillons main dans la main avec les organisations professionnelles, et notamment l'UMGCCP-FFB, pour accompagner au mieux les chauffagistes vers ce nouveau métier et attirer de nouvelles recrues. Notre association est d'ailleurs ouverte à accueillir tous ceux qui voudraient rejoindre le combat ! », a conclu François Deroche, président de l'Afpac.
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