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Réuni jeudi 2 février 2023, le syndicat des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques tenait une conférence de presse pour faire le bilan de l'année passée et évoquer celle à venir. Entre résultats mitigés pour certains secteurs et une révision de la F-Gas qui inquiète l'ensemble de la profession.

L'année 2022 a été riche pour Uniclima. Avec un salon Interclima retrouvant son public qui a répondu présent (42 500 visiteurs), un nombre d'exposants en hausse de 15 %, l'édition 2024 est déjà annoncée du 30 septembre au 3 octobre à Porte de Versailles, pavillon 6. Concernant le marché, ce dernier a connu l'impact d'une année 2022 marquée par des manques d'approvisionnement et une baisse commune à tous les secteurs.

Les PAC air-air à la traîne

Le marché 2022 des pompes à chaleur air-air mono et multi-split n'a pas connu une année aussi basse depuis quatre ans. Mais les cadres d'Uniclima se veulent confiants pour la suite et préfèrent relativiser. Avec 772 324 unités extérieures vendues en 2022 (moins 8 % que l'année passée et ses 837 629 unités), le marché revient au-dessus du niveau de 2019 avec ses 731 044 appareils vendus. Bien que le marché recule, Uniclima s’est tout de même réjoui du niveau restant « très élevé », expliquant cette baisse notamment par un niveau important de stock chez les distributeurs en début d'année. « Pour les industriels, la saison n'a réellement démarré qu'en août et septembre à la faveur de la vague de chaleur dans le contexte de la guerre en Ukraine et de l''inflation. Ce contexte a pu inciter les consommateurs à investir dans des systèmes de chauffage plus performants, capables en même temps d'assurer le confort d'été. Résultat : un dernier quadrimestre en progression globale de 40 % (+50 % pour les monosplits et + 20 % pour les multisplits) », a expliqué Éric Jasikas, Directeur marketing au sein de Carrier HVAC Europe.

Dans ses perspectives 2023, Uniclima espère qu'avec un niveau de stock revenu à la normale chez les distributeurs, les industriels s'attendent à un meilleur début d'année.Éric Jasikas rappelant que le deuxième semestre dépendra de la météo du printemps et de l'été à venir. Du côté de l'utilisation des fluides frigorigènes, la proportion de matériels fonctionnant au R 32 a nettement progressé. Contre 93 % en 2021, le niveau est passé à 96 % en 2022.

Les chillers à la baisse comme le montant des CEE

Les ventes de refroidisseurs accusent en 2022 un recul de 12 % qui touche notamment la catégorie des matériels air/eau (87 % des ventes). Les chillers de liquide eau-eau résistent mieux. Avec 5 445 unités vendues en 2022, le niveau global baisse par rapport à 2021 (6 191 unités). Dans le détail, les machines au refroidissement par eau baisse de 2 % (722 contre 735) et celles à air de 13 % (4 723 contre 5 456). « Sur ce marché, les demandes restent stables. La baisse des ventes est donc liée à un allongement des délais de livraisons en raison de difficultés d'approvisionnement pour certains composants, a expliqué Uniclima. Les CEE ont été très incitatifs pour la période précédente (terminée en 2021). Depuis 2022, ils sont entrés dans leur cinquième période avec des montants revus à la baisse pour les chillers ».

Concernant les fluides utilisés dans les chillers, la part de ceux à fort pouvoir de réchauffement climatique est devenue minoritaire en 2022. Un transfert est constaté vers des fluides à plus faible impact, ainsi ceux dits de « transition » passe de 19 à 38 %. Tandis que la part des fluides à faible impact passe de 19 à 24 %.

L'ombre de la F-Gas plane

Alors que la révision se joue à Bruxelles, les dirigeants du syndicat veulent tirer la sonnette d'alarme concernant le calendrier. « Changer les règles du jeux en pleine partie, ce n'est pas juste », a fustigé Jean-Paul Ouin, Délégué général d'Uniclima, faisant référence à l'avancement des travaux de révision de la F-Gas visant à accélérer la réduction de quantité de fluides fluorés autorisés. « En l'état, [ce] projet de révision pose deux difficultés majeures : la réduction de quantité de fluides disponibles ne permettra plus à court terme d'assurer la maintenance de tout le parc existant et des équipements récemment installés. Et les propositions nouvelles visent à interdire totalement certains fluides sans nécessairement prendre compte l'existence d'une solution alternative à court terme », a expliqué le Délégué général.

La récente proposition d'interdiction des PFAS par cinq pays européens inquiète fortement les dirigeants d'Uniclima alors que certaines de ces molécules entrent dans la composition des HFO. « Ce sujet est susceptible d'impacter aussi lourdement les filtres les plus performants pour la qualité de l'air intérieur qui utilisent du téflon (PTFE), appartenant à cette famille [des PFAS] », a continué Jean-Paul Ouin.