L'impact écologique des Jeux Olympiques d'hiver de Pékin n'a de cesse d'être critiqué. En cause : la production de neige de culture. Décryptage.

Jeux Olympiques : la neige de culture, pas canon ?

Il faudra attendre les Jeux olympiques de Calgary (Canada) en 1988 pour assister à la première utilisation de canons à neige dans un contexte de compétition olympique. Plus de vingt ans après, les jeux de Pékin (Chine) sont sous le feu des critiques pour une empreinte écologique énorme. Quasiment 100 % de la neige est de culture, ou artificielle.

Dans l'air du temps, cette polémique n'est qu'un aperçu de ce que les stations européennes pourront vivre dans les prochaines années à cause du réchauffement climatique. « En Italie, 80 % des stations sont couvertes par de la neige de culture sans pour autant utiliser les canons toute la saison. On assiste à des enneigements par canons (ou enneigeurs) plutôt en début de saison, par sécurité. En France la couverture est de l’ordre de 50 % et les stations de basse altitude sont moins équipées car moins riches que les stations hautes », explique Benoît Robert, directeur de Cluster Montagne, association qui accompagne les acteurs français de l’aménagement touristique en montagne.

Deux types d'enneigeurs

Alors que les technologies des enneigeurs se développent, les experts proposent différentes manières de produire l'or blanc. Deux types sont utilisés : pour la neige à température positive et en température négative. La première, relativement nouvelle, et plus utilisée dans les snow-dômes mais aussi dans des stations en basse station. « Il s’agit de réfrigérateur sur lesquelles on fabrique une couverture de glace artificielle, qui sera raclée par des panneaux pour être projetée sur la surface souhaitée. Sur le principe du dégivrage, il ne s’agit pas de neige mais plutôt des cristaux de glace », explique Benoît Robert.

Le résultat de ce type d'installation est un givre assez dense, qui s’alimente lui-même seulement si les températures ne sont pas trop élevées. En France, WeSnow (une société affiliée à Cluster Montagne, ndlr) est parmi le plus spécialisée de cette nouvelle technologie. « Pour produire du froid on utilise de la chaleur, sur le même principe que les PAC (effet inversé). Mais la particularité des enneigeurs WeSnow est que ces derniers récupèrent la chaleur produite par la congélation pour la distribuer dans des bâtiments ou de l’eau dans les locaux voisins. Il s’agit d’un système nouveau et encore peu développé, pour le moment utilisé dans des événements par exemple. Ainsi de plus en plus de stations, notamment celles de basse altitude, s’y intéressent pour enneiger des surfaces très limitées : jardin d’enfants, pistes les plus basses », détaille le directeur de Cluster Montagne.

C'est vers la deuxième option que les stations françaises se tournent le plus. Plus proche de la neige naturelle, celle-ci est produite en température négative. Le processus est celui d’une nucléarisation avec de l'eau venue de sous les pistes jusqu’à un enneigeur qui pulvérise la neige à haute pression. Lors d'un système de nucléarisation, donnant une projection de gouttelettes à haute pression dans l’air, des gouttelettes vont se transformer en flocons naturels. Problème : la neige de culture produite ainsi est donc dépendante de la température et de l'hydrométrie de l'air.

Vers une neige de culture écolo ?

Interrogé sur la polémique de JO de Pékin. Benoît Robert est sans appel : la neige écologique ne sera jamais possible. La problématique des experts est l’efficience en termes de dépenses d’énergies. Lorsque les entreprises françaises se déplacent en Chine entre 2005 et 2010, elles découvrent que les stations utilisent des canons avec une consommation électrique démesurée et des pertes en ressource en eau. Le tout avec une qualité de neige très médiocre. Si la neige écologique n'est pas au programme, il faut donc que sa production soit la plus efficiente, dans le souci de la qualité.

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