
(*) selon IPCC-AR5
Difficile de passer à côté du Carrefour Market de Vaires-sur-Marne, en région parisienne, surtout si l’on arrive dans cette commune de Seine et Marne par le Transilien dont la gare est située à quelques pas seulement de ce supermarché. Julien le Gallo, son locataire gérant depuis 4 ans, et son équipe de 35 salariés, voient ainsi rentrer chaque jour de la semaine des clients par flux réguliers de 8 h à 20 h et même le dimanche de 9 h à 13 h.

Le magasin qui date de 1962, à l’origine sous enseigne Prisunic, dispose d’une surface de vente de 1415 m2 avec un sous-sol de réserves tout aussi grand. Il a fait bien sûr l’objet de différents réaménagements au fil des ans. Le dernier remodling remonte à 2016 mais la dernière installation de froid datait de 2011, chargée en R 404A : avec plus exactement 300 kg pour la centrale positive et 170 kg pour la négative. Ce sont des fuites et de très importantes recharges à répétition, pour un montant de l’ordre de 30 000 euros en 2021, qui ont principalement été à l’origine de cette décision de retrofiter l’installation. Du même coup, c’est le groupe FCT et son agence d’île de France qui ont récupéré le contrat de maintenance et la reconversion de l’installation. Radouane Ballouk chargé d’affaires de l’entreprise qui gère désormais ce client, explique avoir fait avant tout chose un contrôle d’étanchéité.
Changements des deux condenseurs
Après une étude approfondie de l’état de l’installation, la proposition initiale de passer au CO2 n’a pas été retenue, principalement du fait de son coût induit par les nombreux changements d’éléments de l’installation (meubles, réseau, centrales...).

Les deux centrales sont munies d’échangeurs à plaques pour assurer la récupération de chaleur.
C’est donc un retrofit au R 448A, commercialisé sous le nom de marque Solstice N40 par Honeywell, qui s’est imposé. Une analyse a alors été entreprise afin de vérifier la compatibilité de certains organes annexes du type détendeurs et vérifier si la puissance était acceptée au niveau des condenseurs, le R 448 ayant des propriétés thermodynamiques différentes du R 404A. Il est alors apparu que les condenseurs étaient très encrassés au niveau des ailettes avec beaucoup de dépôts de tartre provoqués notamment par un système de vaporisation d’eau qui avait été ajouté d’une manière pas très protocolaire... Sans compter que ces condenseurs étaient placés en toiture très exposés à la chaleur…

Deux condenseurs ont remplacés les deux anciens trop encrassés.
En aparté, pour ceux qui s’interrogeraient sur ce besoin de brumisation sur un système au R 404A , il est à supposer qu’il aurait été induit par une adjonction de puissance liée à des ajouts de meubles au fil du temps. Du fait de ce mauvais état et de ce faible rendement, il a donc été décidé d’investir dans deux nouveaux condenseurs (un pour le positif avec une puissance de 272 kW et un pour le négatif de 103 kW) en les sélectionnant pour une température extérieure désormais de + 37 °C. Et ceci alors qu’auparavant le critère était de + 35 °C voire + 32 °C encore précédemment, reconnaît Radouane Ballouk qui précise opter désormais pour + 43 °C lorsque les condenseurs sont placés en salle des machines... Le mode de régulation a également été changé passant du tout ou rien avec, par exemple, des ventilateurs EC commandés via un signal analogique 0-10 Volts.

Un petit groupe de condensation est utilisé pour alimenter de manière indépendante la chambre froide négative de la pâtisserie.
L’automate a été reparamétré et aujourd’hui la régulation se fait d’une manière quasi linéaire avec une maîtrise très fine de la température de condensation et donc de la consommation énergétique. Reliée aux automates et régulateur des meubles et chambres froides, c'est une régulation KSM 800 de Danfoss qui assure la télésurveillance et l’enregistrement de température. Un détecteur de fuite Ice Smart équipe l'installation.

De gauche à droite : Stéphanie Raguet-Gerardin, Responsable Comptes clefs Île-de-France et Centre ; Julien Le Gallo, gérant du Carrefour Market de Vaires-sur-Marne, et Radouane Ballouk, chargé d’affaires de FCT Île-de-France.
Situées dans un local extérieur exigu, les deux centrales à détente directe de Profroid sont dotées chacune d'échangeurs à plaques pour la récupération de chaleur qui alimentent deux aérothermes pour le chauffage du magasin. La centrale positive avec 4 compresseurs de différentes marques alimente l’ensemble des vitrines linéaires et 6 chambres froides positives parmi lesquelles on compte le laboratoire boucherie. La centrale négative alimente de son côté les linéaires négatifs et 1 chambre froide négative.

Une chambre froide
Une autre qui a été aussi retrofitée possède son propre groupe indépendant doté d’un évaporateur. À noter encore qu’une chambre froide négative pour la partie boulangerie qui fonctionnait de manière indépendante a bénéficié d’un tout nouveau groupe de condensation qui fonctionne également au R 448A.
Un retrofit rondement mené
Côté organisation, le retrofit a été mené mi-février en une nuit avec une équipe FCT de 4 personnes dont 3 techniciens. Un quart d’heure avant la fermeture, l’une des personnes a commencé à charger les meubles en carboglace. Le retrait du R 404A a été réalisé grâce à une machine de récupération dont est doté l’installateur. Sa forte puissance et la méthode par suppression ont permis une récupération du R 404A rapide. En parallèle, l’enlèvement des anciens condenseurs et la mise en place des nouveaux ont été menés par une entreprise de levage. Du fait de leur taille un peu plus grande, les nouveaux condenseurs ont nécessité une reprise de réseau frigorifique.

Le changement des condenseurs a été réalisé en même temps que le retrofit.
Et en raison de leur état défectueux, quatre évaporateurs ont également été changés sur tout le magasin qui en compte près d’une vingtaine (15 en positif et 3 en négatif). Les techniciens ont ensuite procédé au remplacement de tous les éléments liés à la maintenance préventive comme le changement des filtres déshy. Puis les opérations de remise en service ont été enclenchées avec notamment le tirage au vide… À la recharge des installations, 315 kg de R 448A ont été introduits dans la centrale positive (soit 5 % de plus que pour le R 404A) et 190 kg côté négatif (contre 170 kg précédemment). Ces charges légèrement plus importantes s’inscrivent dans les préconisations du producteur et répondent aussi à la taille plus importante des condenseurs.

Le retrofit de l’installation a été réalisé avec l’ensemble des équipements adéquats pour optimiser le temps d’intervention.
S’en est suivi un réglage minutieux des détendeurs du fait de la capacité frigorifique différente du R 448A par rapport au R 404A. Cette opération, dont dépend pour beaucoup le bon fonctionnement de l’installation, a été simplifiée ici du fait de la détente électronique. Il n’empêche que ces réglages peuvent se mener sur plusieurs jours pour ajuster le fonctionnement de l’installation.
Suite à toutes les modifications et au changement de fluide, l’installateur attend de passer l’été pour mener une campagne de relevés et déterminer la consommation de l’installation. Mais Radouane Ballouk ne cache pas sa satisfaction de voir qu’elle a passé les premiers jours de forte canicule sans problème sur la HP des centrales. Et ceci bien sûr sans pulvérisation d’eau sur les condenseurs comme précédemment avec une consommation qui, à l’époque, n’a pas été chiffrée mais dont il faudra tenir compte désormais en termes de gain financier, sans parler de celui sur l’environnement…
Si le retrofit s'est bien passé comme le reconnaît Julien Le Gallo, Il faut dire que FCT connaît bien le fluide R 448A qu'il se procure chez Climalife, son fournisseur de longue date. Au final, le point le plus délicat dans ce genre d’opération réalisée dans un magasin dont l’installateur récupère la maintenance, réside dans la requalification de l’installation au niveau de la DESP, confie le chargé d’affaires. Dans ce cas, retrouver les notices et les certificats de conformité des équipements n’est parfois pas une mince affaire, précise-t-il. Aussi, suite au passage et aux recommandations d’un organisme indépendant spécialisé, il s’est avéré nécessaire de remplacer toutes les soupapes et un pressostat. Globalement, l'opération aura nécessité un investissement de 50 000 euros pour l’opération de retrofit et autant pour l’achat des nouveaux équipements.
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