Ces fluides utilisés en climatisation ont donné lieu à des exposés tant techniques que commerciaux…
Animé par Serge Bresin, président du Snefcca Île-de-France, l’événement a réuni 72 participants selon l'organisateur, le 21 mars aux Frigos de Paris. Jean-Luc Carré, président du Snefcca, a débuté la conférence en rappelant qu’en 2018 la consommation de HFC en France avait atteint 12 616 500 tonnes équivalent CO2, soit une réduction de 45 % au lieu des 37 % demandés par la F-Gas. Il a poursuivi en évoquant le mélange de fluides lors de leur récupération comme « un acte ultime car il nuit au recyclage ». La FAQ du ministère de la Transition écologique et solidaire précise que « si les fluides n’ont pas le statut de déchet, le mélange dans un équipement est autorisé. » « Mais il nous paraît nécessaire de rappeler aux professionnels, souligne Jean-Luc Carré, que d’autres règles sont à respecter car ils engagent leur responsabilité juridique, technique et environnementale. » Le président du Snefcca a enchaîné en mentionnant la restructuration des branches qui conduit le syndicat à rejoindre l’OPCO (opérateur de compétence) des entreprises de proximité. Et pour que le message ne soit jamais oublié, il a insisté sur le manque de main-d’œuvre et l’importance pour les installateurs d’ouvrir la porte de leur entreprise à l’alternance.
Jonathan Notturno, ingénieur d'étude au Cnam est entré dans le vif du sujet en abordant le R 32 face aux HFO (R 1234yf et le R 1234ze). Il a comparé les trois A2L et a retenu en conclusion, que le PRP du R 32 est modéré (675) mais celui des deux autres très faible (respectivement 4 et 7). La température d’ébullition du R 32 est plus basse que celle des deux autres. La pression de saturation du R 32 est haute et moyenne pour les deux HFO. Côté coefficient d’efficacité frigorifique (EER), le R 1234ze est le plus intéressant, suivi du R 32 puis du R 1234yf. En ce qui concerne le prix, le R 1234 yf serait le plus onéreux, suivi du R 1234 ze et du R 32. La limite inférieure d’inflammabilité est quasi similaire entre les trois fluides. À noter que La Rpf reviendra plus largement sur cette intervention dans le numéro d’avril à venir.
Dans la même veine mais sous un angle commercial, Christel Mollé, directeur affaires réglementaires chez Mitsubishi Electric Europe BV France puis Laurent Legin, directeur général de l'entreprise Trane Support ont mis en avant leurs produits. Le premier a notamment annoncé en juin la sortie en France du DRV hybride PURY-P fonctionnant au R 32 (actuellement au R 410A).
Réglementations nationales et internationales
Philippe Roy, secrétaire général du Snefcca a averti sur l’aspect non neutre pour les personnes des fluides évoqués. Les technologies utilisées aujourd’hui et à l’avenir par la profession comportent davantage de risques : inflammabilité des hydrocarbures et des HFO, pressions du CO2, toxicité du NH3, anoxie liée au CO2, aux HFO et HFC. L’analyse de risque est rendue nécessaire pour se conformer à la norme EN378.
Didier Coulomb, directeur de l’institut international du froid (IIF) a fait un point sur les actualités internationales en évoquant trois grands projets. Tout d’abord, une étude en cours entre IIF/ONUE/GFCCC avec l’appui de l’Oniris, sur les pertes alimentaires et leur impact sur le climat. Cette étude est susceptible de servir à une stratégie de développement dans les pays en voie de développement. Ensuite second point : l’Accord de Paris dont l’esprit demeure presque partout dans le monde, et ce malgré toutes les vicissitudes, avec pour volonté de réduire l’intensité énergétique. « L’efficacité énergétique est de plus en plus une priorité mondiale et le froid sera très concerné », précise-t-il (lire l’interview de Didier Coulomb dans La Rpf de mars). Enfin, la F-Gas se met en place et avec plus ou moins d’efficacité malgré les trafics. Les autres régions du monde préparent activement l’application de Kigali, y compris les pays très réticents au départ, comme l’Inde et la péninsule arabique.
L’intérêt de la formation
Nathalie Chassagne, chargée de communication et responsable formation chez Pyc Média, a indiqué que depuis fin 2018, la Rpf Formation était un organisme certifié FAC (Facilitateur en Acquisition de Compétences). Les opportunités liées à cette certification ont été développées dans l’article disponible ici. Nathalie Chassagne a profité du thème de la soirée pour rappeler que la Rpf Formation propose des sessions dédiées au CO2, aux hydrocarbures et à l’arrêt des fluides à fort PRP ainsi qu’à leurs alternatives. Un travail est en cours en collaboration avec Philippe Roy sur la connaissance des risques d’entreprise et les moyens de les éviter.
Christophe Marvillet, professeur au Cnam, directeur de l'IFFI et président du GRETh est intervenu et a alerté sur le fait que les filières Bac pro, licence et BTS étaient en souffrance : « Il est indispensable de donner de la visibilité à ces filières et nous amorçons une réflexion avec le Snefcca sur le moyen d’attirer les jeunes vers le métier de technicien-frigoriste. »
Gérald Cavalier, président de l’AFF, a conclu la soirée dans le même esprit : « Il faut faire connaître le froid au plus grand nombre. La mission de nos structures est aussi de voir plus loin. »