
Comment expliquez-vous cette hausse de chiffre d’affaires de 14 % sur 2 ans ?
Christine Peres : Cette augmentation constante du CA depuis plusieurs années met en évidence le besoin de plus en plus important du froid, que ce soit dans les magasins alimentaires (les meubles réfrigérés) ou non alimentaires (la climatisation réversible) mais également dans les hôpitaux, l’industrie ou encore directement chez le particulier (pompes à chaleur). Le froid est installé partout. Dans le contexte actuel de transition écologique, technologique et réglementaire du secteur, cette croissance est également le relief de campagnes de remplacement, soutenues par des aides de l’État (CEE, suramortissement), d’équipements et de matériels nécessaires et progressives pour être conforme. À noter néanmoins que cette progression sera à nuancer pour 2020, car même si, pendant les confinements, la majorité de nos entreprises sont restées ouvertes, certaines ont dû ralentir, voire suspendre leur activité, comme c’est le cas pour la cuisine professionnelle qui a lourdement été impactée, et qui n’a d’ailleurs toujours pas de visibilité sur les mois à venir.
14 % du CA provient de la maintenance contractuelle. Comment interpréter ce chiffre ?
C.P : Cette donnée pourrait être plus significative. La maintenance contractuelle est un poste important qu’il ne faut pas négliger, elle doit même être automatique notamment pour garantir la conformité et la qualité d’un équipement.
Quelle analyse pouvez-vous faire de la moyenne de 7,5 ans d’ancienneté des salariés de la branche et du pourcentage important (94 %) de salariés en CDI, qui est plus élevé que dans tous secteurs confondus selon les chiffres de l’Insee (*) ?
C.P : L’objectif aujourd’hui des entreprises est de garder leurs techniciens qu’elles forment au fur et à mesure des années et qui eux formeront les générations à venir. Dans notre entreprise Froid et clim 33, on s’adapte chaque jour pour que nos collaborateurs s’épanouissent aux mieux dans leur quotidien et pour rendre leur métier plus attrayant. Depuis plusieurs années, la profession a un besoin urgent de main-d’œuvre ce qui ne va pas cesser de croître avec la croissance d’activité et l’évolution de nos compétences. La fidélisation des salariés est donc d’autant plus importante.
La branche totalisait en 2019, 4,5 % de salariés en alternance/ stage dont 3 % en apprentissage, ce qui est là aussi supérieur à la statistique nationale de l’Insee (*). Votre regard sur ce score ?
C.P : Cela témoigne d’une envie commune de former les techniciens de demain. Dans notre entreprise, par exemple, nous avons une forte politique de formation en prenant régulièrement des jeunes en alternance que nous allons former à notre façon de travailler puis recruter. D’ailleurs, beaucoup de jeunes qui découvrent le métier et ses spécialisations, aussi nombreuses qu’attrayantes, restent avec passion. Cette donnée révèle également les travaux quotidiens de la branche qui travaille à la promotion de ses métiers techniques, et ceci notamment grâce aux formations, qu’elles soient initiales ou continues.
Malgré les bons scores annoncés, un certain nombre de jeunes tout comme des établissements de formation se plaignent régulièrement de ne pas trouver de stages et ceci alors que la branche déplore de ne pas attirer suffisamment de nouvelles recrues. Comment expliquer ce paradoxe ?
Jean-Luc Carré : L’engagement des entreprises dans la formation et le recrutement est le ressort de chaque chef d’entreprise. Nous estimons en effet un manque croissant de main-d’œuvre technique. Mais, dans la situation actuelle, plusieurs entreprises qui font face également à une conjoncture économique générale difficile, n’ont pas de visibilité sur leur avenir et sont donc prudentes en termes d’investissement et de recrutement. Ce contexte amplifie ce paradoxe difficile à résoudre aujourd’hui. Néanmoins, le Snefcca, de son côté, communique régulièrement auprès de ses adhérents pour les sensibiliser et les motiver à s’impliquer dans la formation en privilégiant par exemple les cursus en alternance, les stages… En effet, nous avons la conviction au Snefcca que tous les acteurs de la profession sont les ambassadeurs de nos métiers. Et c’est donc à nous, entreprise, de faire le nécessaire en embauchant et en attirant les jeunes (et les moins jeunes en reconversion) dans nos métiers, et en leur démontrant l’intérêt de travailler dans notre secteur passionnant, entre autres.
On s’aperçoit qu’en dépit du mouvement de concentration qui s‘opère depuis plusieurs années, la proportion du nombre de petites entreprises est toujours très importante. Quelle est l’offre de service du syndicat vis-à-vis de celles-ci ?
J-L.C : Les services du Snefcca sont dédiés aux petites et moyennes entreprises (de moins de 20 salariés, voire moins de 10 salariés) car c’est bien sûr la grande majorité de nos adhérents (et des entreprises de la profession comme le prouve l’enquête de branche) ! Nous sommes présents auprès des installateurs et mainteneurs en froid, cuisine professionnelle et conditionnement de l’air, afin de les accompagner quotidiennement dans la gestion de leur entreprise. Notre service juridique répond à toutes leurs questions juridiques, sociales, législatives mais également réglementaires ou encore techniques. Nous les informons régulièrement des évolutions dans leurs métiers et les conseillons afin de les aider à anticiper et à participer aux changements de la profession. Nous réalisons également, avec l’aide des commissions nationales du syndicat, des outils et guides pour aider les professionnels dans leur activité. D’ailleurs, la commission conditionnement de l’air/ ENR rédige actuellement un guide de recommandations concernant les fluides dits alternatifs. Pour résumer, les services du Snefcca ont été réfléchis pour les TPE et PME qui n’ont pas forcément le temps de gérer tous les aspects métiers qui concernent la profession, et cela afin qu’ils puissent accéder facilement et simplement aux compétences du syndicat.
La part de l’activité « Cuisine » dans l’ensemble des métiers du Snefcca va certainement croître avec l’arrivée de nouveaux adhérents issus des rangs d’UnaC’Pro. Plus globalement, ne croyez-vous pas que cette activité est encore plus importante qu’elle n’y paraît du fait de la tendance parfois à sortir le « Froid » de la partie « Cuisine » pour le réintégrer plus globalement dans le segment « Réfrigération » de certaines sociétés ?
J-L.C : Effectivement, nous estimons que le froid représente 25% du chiffre d’affaires en cuisine professionnelle, ce qui lui donne une part importante dans cette activité « cuisine ». Dans notre branche, c’est d’ailleurs aujourd’hui la filière la plus impactée par la crise sanitaire, notamment l’activité CHR. Nous continuons, avec nos partenaires, nos actions pour soutenir toutes les entreprises qui subissent de plein fouet de forte baisse d’activité. Le rapprochement avec l’UnaC’pro nous permettra d’autant plus de mutualiser nos forces pour faire entendre la voix des installateurs et mainteneurs en cuisine professionnelle. Syndicalement, nous avons encore beaucoup d’actions à mener et nous nous réjouissons de l’arrivée de nouveaux adhérents qui vont renforcer la représentativité de la grande cuisine au sein de nos instances, notamment au sein de la commission cuisine. Cette dernière travaille d’ores et déjà sur de nouveaux chantiers …
Avec l’effet Covid, Pensez-vous que la « ventilation » va croître au sein de la répartition du CA de la branche ?
J-L.C : La crise sanitaire de la Covid-19 a fait prendre conscience que la qualité de l’air dans les locaux fermés ne devait pas uniquement servir au confort mais aussi à la protection des personnes. Lors du premier confinement, nous avions d’ailleurs rédigé une foire aux questions, en partenariat avec l’Uniclima et l’AFPAC sur l’usage de la ventilation et de la climatisation dans le contexte de crise sanitaire. Nous avions également alerté, à travers un communiqué en collaboration avec l’AICVF, sur la ventilation et son avenir pour notre santé. Le but était de mettre en avant le besoin d’amélioration du cadre réglementaire appliqué à la ventilation et la qualité de l’air intérieur (QAI). Ce sujet est un chantier important pour l’avenir de notre profession, encore plus aujourd’hui dans un contexte pandémique. En effet, pour rappel, la ventilation est un moyen de maitriser les risques de contamination ambiante et d’améliorer la QAI. Il faut donc l’encourager à toutes les échelles. De notre côté, nous participons aux initiatives liées à cette thématique en étant membre fondateur de l’association française de la ventilation en compagnie de la Capeb, la Fedene, la FNAS, le Synasav, l’UMGCCP-FFB et l’Uniclima. Nous sommes très actifs sur les différentes actions menées, notamment à travers notre commission conditionnement de l’air/ ENR.
Le rôle de la Commission « social » au sein du Snefcca
À travers ses échanges et ses actions, la Commission « Social » a pour missions principales de :
Animer la négociation collective nationale au niveau de la branche professionnelle en négociant, au nom de la délégation patronale avec les organisations syndicales de salariés, les accords et avenants à la convention collective nationale),
Etudier, échanger et traiter des problématiques en droit du travail, de la protection sociale et de la formation professionnelle qui impactent la vie du syndicat et de ses adhérents selon les évolutions législatives (régime de santé et de prévoyance pour les salariés de la Branche professionnelle, financement de la formation des salariés, etc.).
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