Les premiers résultats du projet CryoHub ont été dévoilés dans le cadre d’ICCC 2020 qui se tient actuellement à Nantes.


« Le développement des énergies renouvelables en Europe et très certainement dans le monde entier, va nécessiter la possibilité d’en stocker. La cryogénie et le déploiement d’installations de stockage de froid pourraient constituer une alternative pertinente, s’est réjouit Didier Coulomb, directeur de l’IIF, à l’occasion d’un webinar sur le sujet donné dans le cadre de la 6e conférence internationale de l’IIR sur la durabilité de la chaîne du froid, ICCC 2020 qui a lieu du 26 au 28 août à la cité des congrès de Nantes. Aujourd’hui, nous dévoilons à ce sujet les premiers résultats du projet CryoHub qui a débuté en avril 2016 et qui se terminera en mars 2021. ».

Financé par l'Union européenne, CryoHub est un projet visant à développer et étudier le potentiel de stockage d'énergie cryogénique à grande échelle dans les entrepôts frigorifiques et les usines de produits alimentaires. L’innovation de la technologie repose sur le stockage d'énergie renouvelable en tant que liquide cryogénique, de l’air liquide dans ce cas précis. Le cryogène est ensuite porté à ébullition à très basse température pour générer de l'électricité destinée à être utilisée sur site ou pour alimenter le réseau électrique pendant les périodes de forte demande. L'effet de refroidissement généré par l’ébullition du cryogène est utilisé pour refroidir les installations industrielles.

Judith Evans de la London South Bank University et coordinatrice du projet souligne : « Le stockage de liquide cryogénique est une technologie prometteuse. Le système doit être conçu en tenant compte de l’énergie qui entre et qui sort pour pouvoir le déployer dans des usines alimentaires et des entrepôts. » Parmi les bénéfices de la technologie elle cite : le stockage d’énergie à grande échelle pour faciliter l’équilibrage du réseau ; le stockage de l’énergie des sources renouvelables locales intermittentes avant de la fournir au réseau ; la suppression de l’exigence de puissance de pointe du réseau ; le freecooling des chambres froides pendant la production d’électricité. Plus globalement l’intérêt d’un tel hub réside dans la possibilité de congélation rapide ; de transport, de refroidissement d’usines alimentaires ; de production d’électricité ; de diminution du prix de l’électricité ; etc.

Pour une intégration optimale de la technologie

Des travaux de modélisation du stockage de liquide cryogénique dans le cadre de la réfrigération de chambres froides, ont révélé que les pics de consommation énergétique sont coûteux et pour le moment ce stockage a une faible efficacité. Une optimisation spécifique aux contraintes techniques de chaque site est nécessaire. Des solutions, actuellement en phase de test, ont été identifiées mais pas encore validées.

La technologie dépend des équipements industriels et des process thermodynamiques, en particulier de performances robustes et d’une durée de vie plus élevée que d’autres ; d’une capacité limitée pour une réponse rapide et d’une association entre opérations électriques et thermiques. Ces critères sont à considérer au moment de la mise en œuvre de la stratégie de management énergétique.

Pour Denis Leducq de l’Inrae, il s’agit en tout cas d’une alternative potentielle à d’autres technologies comme la station de transfert d’énergie par pompages (PHS) ou encore le stockage d’énergie par air comprimé (CAES). À suivre donc…