Lors de la sixième journée de la pompe à chaleur organisée par l'Afpac, bilan et prospectives du marché ont été dévoilés par la filière, avec des volontés européennes très ambitieuses dans le but de sortir de la dépendance énergétique russe.

La PAC au cœur de la décarbonation européenne

En 2030, on comptera au moins 30 millions de PAC air / eau installées en Europe, et au moins 10 millions dès 2025. C'est en tout cas ce que prévoit la direction Energie de la Commission européenne. Mechthild Wörsdörfer, directrice adjointe du service, était l'une des intervenantes à la Journée de la PAC mardi 29 mars. L'occasion pour la filière de faire le point sur l'évolution du marché et le bel avenir qui se dessine pour cette technologie.

40 millions de chaudières à remplacer

« Nous devons réduire des deux tiers la dépendance au gaz russe immédiatement d’ici l’hiver prochain, a insisté la représentante européenne. 40 % du gaz dans l’Union européenne est importé de Russie, ainsi que 90 % du pétrole et 45 % du charbon. Il est impératif de diversifier les approvisionnements, de développer les gaz renouvelables, mais plus important encore, il faut développer toutes les énergies renouvelables, avec un objectif de 40 % en 2030. »

Selon une étude de la Commission européenne, 40 millions de logements existants sur le vieux continent devraient remplacer leur chaudière à combustible fossile par des alternatives de systèmes de chauffage à faible émission de carbone d’ici 2030. De quoi imaginer de beaux jours pour la pompe à chaleur.

La PAC, une solution pas si unique

En revanche, si la dynamique est plus qu'enclenchée en rénovation, l'équipement reste encore très soutenu par des aides gouvernementales et surtout résulte de travaux de rénovation geste par geste, alors que l'administration pousse de plus en plus vers une rénovation globale des bâtiments. « Le reste à charge n'est pas du tout le même », constate Pascal Housset, président de l'UMGCCP-FFB. D'autant que l'installateur, tout comme son confrère de la Capeb, Jean-Claude Rancurel, reste persuadé que la PAC air / eau ne peut pas être la seule réponse technique à une décarbonation des bâtiments.

« N'oublions pas la PAC hybride qui a toute sa place aussi dans le mix énergétique de demain et qui saura répondre à des problématiques de terrain que seule la thermodynamique ne saurait couvrir », ont insisté les deux chauffagistes. Autre solution présentée lors de la Journée de la PAC, la pompe à chaleur géothermique. Si les chiffres marché sont peu encourageants, la technologie a toute sa place dans le neuf, où la RE2020 lui fait la part belle. Encore faut-il que les forces vives sur le terrain, mais aussi les promoteurs immobiliers s'emparent du sujet. Si les projets de géothermie trouvent leur place dans le tertiaire neuf, ils sont encore discrets dans le résidentiel.

3,5 fois plus de PAC air / eau vendues en 2050

Quand on se replonge dans les prospectives de marché, l'Afpac, association française de la pompe à chaleur, prévoit qu'en 2050 se vendront 850 000 PAC air / eau, soit trois fois et demie de plus que le record atteint en 2021. Mais pour parvenir à installer autant de pompes à chaleur qu'espéré, le nombre de bras, (et de têtes !), est à gonfler. Si du côté des industriels, François Deroche, président de l'Afpac, assure qu'ils sont prêts, les installateurs qualifiés devront renforcer leurs effectifs. Actuellement, on compte 12 994 entreprises qualifiées PAC en France.